samedi 19 septembre 2009

Giuseppe Ungaretti


Je viens de lire la correspondance entre Philippe Jaccottet et Giuseppe Ungaretti, publiée en 2008 chez Gallimard. Magnifique leçon de poésie! À un certain moment, Ungaretti invite Jaccottet à participer à un colloque. La réponse de ce dernier est sublime et devrait être méditée par nos poètes qui carburent à la reconnaissance:

"je ne sais, ne puis ni ne veux parler en public, pour beaucoup de raisons; ni entrer dans ce qu'on nomme les milieux littéraires, ni passer pour un poète. Car de plus en plus je ne rejoins la poésie qu'en disparaissant du monde, en quelque sorte. C'est une méthode absurde peut-être, mais la seule qui me maintienne en vie."

Cela m'a donné le goût de relire des passages de Vie d'un homme, Poésie 1914-1970, de G. Ungaretti. Voici un extrait de poème que j'avais souligné en 2004 et qui fait penser à cette fin d'été:

"Les raisins sont mûrs, le champ labouré,

La montagne se détache des nuages.

Sur les miroirs poudreux de l'été
L'ombre est tombé,

Entre les doigts incertains
Leur lumière est claire
Et lointaine.

Avec les hirondelles s'enfuit
Le dernier déchirement."

Giuseppe Ungaretti, Vie d'un homme, Poésie 1914-1970, Éditions Gallimard, 2000. (p. 161)

vendredi 4 septembre 2009

Le traversier


C'était une belle soirée pour prendre le traversier Québec-Lévis et admirer le fleuve. J'en ai profité pour photographier ma ville. Voici un haïku d'Hélène Leclerc en accompagnement à cette image:

traversier
la montagne monte
et descend

Hélène Leclerc, Cette lumière qui flotte, Éditions David, 2009

jeudi 3 septembre 2009

Souvenirs d'été (2)



Un autre beau moment de l'été: mon après-midi à l'atelier de l'artiste-peintre Claire Boucher. J'ai été ému par ce lieu, tout simple, (acrylique, pastel, graphite, crayons de couleur, papiers, toiles) profondément habité et à l'écoute du monde. J'ai également visité la Galerie-boutique Manu Factum à Nicolet où il est possible de voir les oeuvres récentes de l'artiste. Et ces deux magnifiques fleurs de Claire, je voudrais les accompagner d'extraits d'un poème de Rilke intitulé Les roses:

"De ton rêve trop plein
fleur en dedans nombreuse,
mouillée comme une pleureuse
tu te penches sur le matin (...)

Été: être pour quelques jours
le contemporain des roses;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses (...)

Seule, ô abondante fleur,
tu crées ton propre espace (...)"

Rainer Maria Rlike, Vergers, Gallimard, 1926

mercredi 2 septembre 2009

Souvenirs d'été

Un beau moment de l'été 2009: mon séjour chez le poète Pierre Chatillon. De longues discussions sur la vie et la poésie, visite de la Maison Rodolphe-Duguay à Nicolet et superbe promenade en bateau sur le lac Saint-Pierre. Pour donner une idée de l'atmosphère de cette sortie sur le lac, voici un extrait du très beau recueil Les Chants:

"j'ai besoin de me saouler d'air pur
j'ouvre une bouteille de rayons liquides
et l'alcool de l'été me réchauffe le corps
je fonce à grande vitesse
en direction du lac Saint-Pierre
je bats la mesure
j'écoute la musique de la lumière
qui pulse au rythme de mon moteur
des trompettes d'or célestes
sonnent de joie à mes oreilles
flûtes et clarinettes sifflent dans le vent
et c'est toute la section des cordes qui s'anime
dans le frisson des vaguelettes
crescendo de vitesse qui m'enivre
concerto pour bateau
et orchestre d'air et d'eau" (...)

Pierre Chatillon, Les Chants, Écrits des Forges, 2001

mardi 1 septembre 2009

Les commencements


Je viens de terminer le tout nouveau recueil de Guy Goffette: Tombeau du Capricorne aux Éditions Gallimard. Depuis ma lecture d'Éloge pour une cuisine de province en 2000, je ne manque aucune nouvelle publication de ce poète d'origine belge. Les premières lignes sont extraordinaires, le lecteur embarque immédiatement dans le rythme du poème. Voici le tout début du livre:

"Les commencements sont nombreux, mais c'est toujours la même histoire,
celle d'un homme que le petit matin dans la rue saisit par le col,
alors qu'il était sorti pour acheter une baguette à la boulangerie.
Et voilà que ce qu'il croyait établi dans sa vie, le chemin tracé, une femme avec un chat parmi les livres,
voilà que la rue humide et riante sous le premier soleil avec son odeur de nouveau-né,
flanque tout par terre, le petit matin, le ciel, le chemin, la boulangerie,
et lui ne sait plus rien tout à coup (...)"