À l'atelier de vendredi dernier, nous avons eu de la belle visite: la poète Catherine Fortin de St-Jean-Port-Joli. Quelle magnifique rencontre! Catherine, qui se définit elle-même comme poète autodidacte, est une archéologue-biologiste très sensible aux réalités souterraines. Comme son père, cultivateur et habitant qui aimait sa terre, Catherine Fortin habite le paysage, tout le paysage, même celui que l'on ne voit plus. La géographie la façonne. Parlant de ces moments où elle regarde la mer ou les étoiles elle dit: devant cette immensité nous reprenons notre juste place.
Et puis cet aveu très touchant (qui n'est pas une simple métaphore mais correspond à sa réalité): j'ai appris à parler quand j'ai appris à lire. C'est que la jeune Catherine était d'une timidité extraordinaire. Sa poésie témoigne de cette prise de parole, de ce regard attentif posé sur le monde.
Voici un extrait d'un poème intitulé Quand brûlaient nos yeux, tiré du recueil Le silence est une voie navigable, publié aux Éditions du Noroît en 2007:
Sommes-nous en voyage
ou simplement devant une fenêtre?
Parfois nous croyons avancer
sans laisser de traces
alors que nous parcourons
avec la gravité des orphelins
la reddition l'attente